Rubanerie Legrand : vestiges et réutilisations

Fouday est également marqué par le souvenir de la famille Legrand. Le Suisse Jean-Luc Legrand avait transféré sa fabrique de "rubans de soie" à Fouday, en 1813. Il s'était installé là avec plusieurs familles hugenotes et s'était inspiré de l'exemple artisanal de Jean-Georges Reber, industriel ami d'Oberlin qui distribuait du travail dans les villages de montagne vosgienne, notamment dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Son fils Daniel Legrand, industriel philanthrope, lui aussi familier d'Oberlin, se présentait simplement comme "un industriel des montagnes des Vosges". Il contribua à l'adoption de la première loi sur le travail des enfants et se soucia de l'éducation de la population.

La fabrique de rubans, notamment de soie fine et de filoselle (une soie grossière) employa jusqu'à 400 hommes, femmes et enfants du Ban de la Roche. Le siège et des ateliers de maintenance, puis de fabrication, se trouvaient à Fouday. Les deux grands bâtiments accolés, construits vers 1840 par les Legrand, subsistent, près de la Chirgoutte, et sont devenus des habitations. Les ouvrier-paysans vinrent d'abord chercher le fil, pour travailler à domicile et rapporter les rubans terminés (il s'agissait le plus souvent d'un complément de revenu), puis le tissage se développa en atelier, à la rubanerie. Les frères Legrand et Louis-Frédéric Fallot, qui leur était apparenté, développèrent le blanchiment et la teinturerie du ruban, fabriquèrent des métiers à tisser.

La maison de commerce constituée par Daniel Legrand et son frère Frédéric devint la société Legrand Fallot et cie, puis Oschwald et cie. Les Oschwald, originaires de Schaffhouse, en Suisse, achetèrent l'entreprise en 1859. Elle fabriqua des rubans de coton jusqu'aux années 1935.

Les Oschwald habitèrent une grande et simple maison remarquable en raison de sa véranda-terrasse à deux niveaux, proche de la Bruche et de la Chirgoutte.